Précarité menstruelle – retours sur l’atelier et perspectives

Le saviez-vous?

Il n’existe pas de données chiffrées en Suisse sur la précarité menstruelle mais le coût des règles dans la vie d’une personne menstruée a été estimé à environ CHF 4’500,- lors d’une enquête menée par la RTS en février 2020. Ce coût est important et s’ajoute à d’autres formes de discriminations économiques qui touchent spécifiquement les femmes (inégalités salariales, «taxe rose», etc.). 

Malgré l’absence de données statistiques locales sur la question, les enjeux liés à la précarité menstruelle existent aussi en Suisse et touchent plus particulièrement certains publics, comme les jeunes, les personnes exposées à la précarité et/ou sans domicile fixe, migrantes ou encore LBTIQ+, tous ces publics cumulant souvent plusieurs facteurs de discrimination. Les raisons de cette précarité menstruelle sont évidemment économiques, mais pas uniquement. L’accès à l’information et le contexte sociétal («tabou des règles») jouent également un rôle. 

Echanges

10 participantes et 1 participant de 7 organisations membres du CAPAS ont assisté à l’atelier de sensibilisation à la précarité menstruelle proposé par l’ Espace Santé Femmes* mardi 14 mars 23.

Après une définition de ce qu’est la précarité menstruelle, comment on peut la repérer et quels sont les facteurs de risque, et des rappels sur le cycle menstruel, l’atelier a abordé la question des tabous et des idées reçues. Un tour d’horizon des différentes protections menstruelles classiques a ensuite été effectué, suivi d’une présentation des avantages et désavantages des protections réutilisables.

Dans la deuxième partie de l’atelier, une discussion a permis de réaliser que le sujet des menstruations n’est que peu abordé avec les usagères des organisations, et que ce dernier reste relativement tabou. Le temps à disposition durant les entretiens pour traiter des autres sujets prioritaires est souvent insuffisant déjà et la configuration des échanges permet difficilement d’entrer dans des thématiques aussi intimes. L’importance pour les femmes en situation de précarité menstruelle de pouvoir aborder ce sujet avec des travailleuses sociales est indéniable, cependant il a été soulevé qu’une sensibilisation des travailleurs sociaux hommes à la thématique serait souhaitable.

Le fait que plus de 100 distributeurs de serviettes hygiéniques en ville de Genève (dont 15 dans des toilettes publiques autour de la Rade) aient été installés a constitué une découverte pour plusieurs participant-es. Les personnes qui connaissent ce dispositif ont relevé que le type de protection n’est pas forcément adaptée au besoin (petite taille de serviettes) raison pour laquelle il n’est peut être pas fortement sollicité. L’emplacement des distributeurs figure sur une carte à consulter

Un intérêt partagé par plusieurs organisations représentées a été exprimé de pouvoir disposer de stocks de protections menstruelles, afin de les mettre à disposition de leurs usagères, intérêt qui a fait l’objet d’une demande groupée auprès de la Ville de Genève. De plus, des réflexions et des échanges autour de la prise en compte des questions de santé féminine dans l’agencement des lieux d’accueil des personnes précarisées est à mener.