Edito

Le CAPAS a vécu une année 2019 particulière. Largement cité dans les médias suite à l’action collective déployée en avril afin de rendre visible l’invisible en matière de sansabrisme, le CAPAS a su mettre en œuvre son agilité en hébergeant un projet hors du commun porté par plusieurs associations membres. Il aura fallu plus d’une dizaine d’années de plaidoyer, avec des actions de grande envergure telles que les 200 tentes plantées sur la plaine de Plainpalais en avril 2019 pour qu’une plus large «mise à l’abri » de toute personne sans domicile fixe puisse voir le jour à Genève. Une fois voté par le conseil municipal de la Ville de Genève un montant de 1.8 millions pour financer de l’hébergement d’urgence, le CAPAS a hébergé un projet porté par le CausE dont les huit acteurs et actrices, sauf un, sont membres du CAPAS.

Le comité du CAPAS a accepté dans l’urgence et en plein été de bousculer son organisation pour héberger ce projet innovant permettant ainsi de lutter aussi contre les silos. Le CausE a pu mettre en place un dispositif humanitaire innovant et flexible permettant à 130 personnes de trouver un lit dans des lieux en surface. Cette expérience a fédéré une action collective qui visait à réduire le niveau de vulnérabilité des personnes et groupes de personnes en situations d’exclusion.

Cet espace d’intervention intermédiaire entre les dispositifs publics et la société civile a contribué au développement de dispositifs adaptés aux plus vulnérables sans distinction aucune, et de manière inconditionnelle avec des réponses adaptées à des publics différents.

Pour être conforme aux exigences de la Ville de Genève, nous avons dû procéder à quelques démarches administratives passant de la banale inscription au registre du commerce jusqu’à la plus contraignante en dotant notre organisation d’un système de contrôle interne et opérant une révision ordinaire de nos comptes. Cette première d’envergure a largement questionné notre organisation et notre gouvernance qui se doit d’évoluer encore, de manière indispensable, c’est pourquoi le comité s’est attelé à cette tâche dont il partagera les réflexions avec les membres.

Le CAPAS, 8 ans après sa fondation par 26 associations a accueilli en 2019 L’ Association catholique d’action sociale et éducative (ACASE), le Groupe sida Genève et le Bureau central d’aide sociale (BCAS), portant ainsi le nombre de ses membres à 45. Ces trois nouvelles adhésions et celles à venir d’associations ou de fondations qui œuvrent dans le champ socio-sanitaire genevois est pour nous le signe d’un intérêt marqué par les plus-values qu’offre notre collectif. Les espaces partagés de réflexions, la veille active menée par ses membres, le travail de plaidoyer et les efforts pour rendre visible et compréhensible les actions entreprises sont autant de point qui poussent aussi d’autres entités à vouloir nous rejoindre. Régulièrement sollicités par les autorités politiques, nous sommes en mesure de fonctionner comme observatoire de terrain et «caisse de résonance».

Au moment d’écrire ces lignes, j’ai du mal à ne pas évoquer la crise que vivent les personnes que bon nombre d’associations accompagnent au quotidien. Les temps de la crise sanitaire ne sont pas terminés. Les plus fragiles d’entre nous doivent pouvoir être protégé.e.s et soutenu.e.s. L’année 2020 sera frappée par la question cruciale de la solidarité avec une référence inscrite au fronton de notre constitution,

« nous sommes véritablement déterminés à vivre ensemble dans le respect de l’autre… que la force de la communauté se mesure au bien-être du plus faible de ses membres ».

Par les engagements de ses membres, notre collectif est là pour rappeler sans cesse notre besoin de cohésion sociale.

Alain Bolle, Président du CAPAS