Le projet Laverie visait à répondre au besoin essentiel d’accès à l’hygiène pour les personnes et les familles en situation de précarité. Il proposait un accès libre et autonome à des services de lessive de proximité, intégrés dans la vie de quartier. Entre 2019 et 2024, le projet a connu une croissance significative, améliorant concrètement les conditions de vie de nombreuses personnes démunies à Genève.
Le CAPAS soutient ses associations et fondations membres en permettant notamment l’émergence de projets communs à plusieurs d’entre eux. C’est dans ce cadre qu’il a hébergé le projet Laverie et proposé une gouvernance conjointe entre le Bateau Genève, le CARÉ et le Passage (Armée du Salut). Il a centralisé les fonds et offert un cadre au projet.
Historique du projet
En 2019, Le CARÉ, l’Armée du Salut, l’Association pour le Bateau Genève et Carrefour Rue, quatre associations actives dans l’urgence sociale, ont démarré une collaboration avec l’entreprise Lavorent pour mettre en œuvre le projet. Cette collaboration visait à acheter à taux préférentiel des cartes de lessives pour les mettre à disposition des usagères et usagers des associations concernées. Carrefour-Rue s’est retiré fin 2019 afin de se concentrer sur le Point d’Eau, où ils proposent un service de lessives complémentaire au dispositif Laverie.
Public bénéficiaire
Le public se trouvait en grande majorité en situation de grande précarité, composé principalement d’hommes seuls, accueillis dans les structures d’accueil de jour ou au Passage. A partir de 2022 toutefois, la population bénéficiaire s’est élargie au-delà de ce public initial. De nombreuses femmes, familles ou mères célibataires viennent désormais au Bateau ou au CARÉ, spécifiquement pour recharger ou demander une première carte lessive.
Fonctionnement du projet
Les cartes étaient chargées d’une valeur de CHF 8.-, qui correspond à une machine et un séchage. Elles pouvaient être utilisées dans quatre salons lavoirs répartis entre la rive droite et la rive gauche de Genève, selon les horaires d’ouverture habituels, offrant ainsi un accès plus proche des besoins et des lieux de vie des personnes concernées. Une fois l’avoir de la carte utilisé, elle peut être rechargée auprès des associations.
Chaque association a adapté les modalités de distribution à son fonctionnement et au public accueilli. Les recharges et les distributions étaient bi-mensuelles au CARÉ (jour de distribution fixe) et au Bateau (jour de distribution variable), et mensuelles au Passage. Les cartes remises étaient toutes nominatives. Les titulaires de carte avaient la responsabilité de déposer et venir chercher leur carte en fonction des règles de fonctionnement de chacune des structures partenaires.
Plus-value du projet
Cette prestation a permis de répondre directement à un besoin élémentaire d’hygiène que les structures partenaires ne pouvaient absorber, que ce soit en termes de matériel, d’espace et de personnel.
Le projet favorisait par ailleurs l’autonomie des personnes, par le recours à une prestation non « assistée », que les quatre salons laverie Lavorent offrent au plus proches des lieux de vie ou d’hébergement des personnes concernées.
Enfin, les structures qui co-portaient ce projet intègraient la mise en œuvre et le suivi administratif et financier à leurs activités usuelles, sans charges supplémentaires. Le projet Laverie était donc particulièrement direct et efficient, tant du point de vue de sa gestion que de son déploiement opérationnel.
Ce projet n’aurait pas pu exister sans la généreuse contribution et la collaboration renouvelée de l’Entreprise Lavorent.
Lire le Rapport d’activité 2022 du projet
Fin du projet
Fin 2023, les associations porteuses du projet Laverie ont réalisé que le projet avait atteint ses limites en sa forme actuelle. Depuis la fin 2022 déjà, de nombreuses discussions avaient été engagées, notamment avec les communes genevoises et avec les partenaires du réseau d’hébergement d’urgence et d’accueil de jour. Lors de ces temps d’échange, elles avaient souligné sans équivoque la difficulté que les associations porteuses de la prestation éprouvaient à gérer, coordonner, mettre en œuvre, et financer la prestation Laverie, laquelle dépasse désormais très largement les missions, les capacités et le public accueilli par celles-ci, et principalement par le Bateau et le Caré.
Un scenario favorable pour répondre à ces enjeux s’est dessiné à l’été 2024 : il prévoyait une redistribution plus équilibrée des charges liées à la prestation entre lieux d’accueil de jour et lieux d’hébergement d’urgence. Des discussions encourageantes avaient également eu lieu s’agissant d’opportunités de financements communaux, en lien avec la plateforme de coordination de la LAPSA. Malheureusement, aucune de ces perspectives n’a pu être confirmée fin 2024. Il a donc été décidé de mettre un terme au projet Laverie, tel que porté par le CAPAS en sa forme actuelle, à la fin de l’année 2024, faute de réelles perspectives aux niveaux opérationnel et financier d’ici là.
Nous mesurons les conséquences très préoccupantes de l’absence d’un programme de ce type pour les personnes en situation de grande précarité à Genève, et avons extrêmement peiné-es de devoir prendre une telle décision, d’autant plus que le réseau d’hébergement d’urgence s’est montré à l’écoute et disposé à redispatcher une partie de cette prestation au sein de ses structures. Néanmoins, comme indiqué plus haut, le projet et ses partenaires souffrent à l’heure actuelle de trop d’inconnues (financement, critères, acteurs porteurs) pour être soutenable et maintenu en l’état.
Nous sommes reconnaissant-es à l’ensemble des partenaires impliqués dans cette réflexion d’avoir été à l’écoute de nos difficultés, et remercions les bailleurs du projet (le Département de la cohésion sociale et une Fondation privée) pour les co-financements répétés au projet ces dernières années.